Vers un assaut amphibie augmenté : la Marine nationale mise sur les drones

0
26
Vers un assaut amphibie augmenté la Marine nationale mise sur les drones

Face aux évolutions rapides des menaces et des technologies, les forces armées françaises s’adaptent. Parmi les domaines de modernisation les plus prometteurs figure celui des opérations amphibies, et plus particulièrement l’intégration des drones au cœur des dispositifs d’assaut. La Marine nationale française explore depuis plusieurs mois un concept novateur : celui de l’« assaut amphibie augmenté », une nouvelle manière de concevoir les débarquements et les opérations de projection de force depuis la mer vers la terre.

Un besoin opérationnel en pleine évolution

Traditionnellement, l’assaut amphibie est une opération militaire lourde, mobilisant navires, véhicules, troupes et hélicoptères dans un ballet logistique très encadré. Ce type d’opération implique une coordination extrême et une prise de risques importante, notamment lors des premières phases de débarquement. Or, les conflits récents, notamment en Ukraine, ont démontré que l’emploi de drones – aériens, terrestres ou navals – pouvait transformer radicalement la manière de mener des actions militaires.

C’est dans ce contexte que la Marine nationale teste depuis 2024 une approche inédite : l’emploi de drones dans l’environnement amphibie, non seulement pour la reconnaissance ou la surveillance, mais aussi pour la logistique, la guerre électronique, voire l’attaque.

Lire aussi : A couper le souffle: le gigantesque superporteur nucléaire

Dragoon Fury 2025 : un terrain d’expérimentation grandeur nature

Du 5 au 14 mars 2025, l’exercice Dragoon Fury a rassemblé divers corps d’armée, dont les forces marines, pour tester de nouveaux concepts opérationnels. Le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre, fleuron de la flotte française, a été équipé pour accueillir plusieurs systèmes de drones, dont le DriX de la société française Exail, un drone de surface autonome capable de naviguer en mer pendant plusieurs jours.

Ces essais ont permis aux équipes embarquées de se familiariser avec l’usage de ces nouveaux outils : déploiement, pilotage à distance, exploitation des données en temps réel, et coordination avec les troupes au sol. Les premiers résultats sont encourageants : les drones ont apporté un gain en visibilité tactique, ont permis d’anticiper des menaces et d’optimiser la planification des débarquements.

Des usages multiples et complémentaires

Les drones utilisés dans ces manœuvres remplissent différents rôles, allant de la simple observation à la collecte de renseignements électroniques. Certains peuvent cartographier les fonds marins pour détecter les mines, d’autres peuvent désigner des cibles, transmettre des images thermiques ou servir de relais de communication entre la mer et la terre.

Dans l’avenir, la Marine envisage même des missions de logistique légère automatisée : livrer des munitions, du matériel médical ou des équipements de communication à des troupes isolées en zone hostile.

Une réponse aux menaces modernes

Le recours aux drones dans le contexte amphibie est aussi une réponse aux risques croissants posés par les conflits hybrides, où les menaces ne sont pas toujours conventionnelles. La prolifération de mines navales, de missiles côtiers et de drones kamikazes complexifie considérablement les débarquements. En intégrant des moyens autonomes, la Marine cherche à réduire la vulnérabilité de ses équipages et à garder une longueur d’avance technologique.

À terme, il ne s’agit pas de remplacer les troupes humaines, mais de mieux les protéger, de rendre les opérations plus intelligentes et moins risquées, tout en maintenant un haut niveau de performance militaire.

Des perspectives prometteuses

Ce tournant vers l’innovation place la France parmi les nations pionnières dans l’emploi de drones navals à des fins de combat et de projection amphibie. D’ici quelques années, il est probable que les bâtiments de projection et de commandement comme le Tonnerre ou le futur porte-avions nouvelle génération disposeront en permanence de flottes de drones embarqués : aériens, sous-marins, et de surface.

Ces nouveaux moyens ouvriront la voie à des opérations plus souples, plus discrètes, et potentiellement moins coûteuses en vies humaines. La marine de demain s’annonce plus autonome, plus interconnectée, et résolument tournée vers le numérique.

Auteur/Autrice

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici