Les nouveaux ferrys électriques ne sont plus réservés aux traversées locales. Ils glissent sans bruit, sans fumée, sans fioul. En 2025, les ferrys électriques visent les continents. Autonomie allongée, batteries puissantes, ports intelligents : tout l’écosystème maritime se transforme. Ces navires décarbonés promettent de révolutionner le transport intercontinental, tout en bousculant l’économie mondiale du fret et du passager.
Un nouveau cap sur les mers commence avec les ferrys électriques
Le transport maritime change de cap. Après des décennies de domination du diesel, les ferrys électriques s’imposent. Norvège, Chine, Japon, États-Unis… les chantiers navals lancent des flottes zéro émission à grande échelle. Ces navires ne relient plus seulement des îles côtières. Ils visent désormais des trajets intercontinentaux.
Les objectifs sont clairs. Réduire les émissions de CO₂. Moderniser les lignes maritimes. Offrir un transport plus silencieux, plus économique et plus stable.
La transition ne touche plus uniquement les petits trajets. Le Danemark a lancé fin 2024 le Europa Seaway, un ferry 100 % électrique capable de relier Copenhague à l’Écosse. En Chine, COSCO teste des modèles capables de naviguer jusqu’à 1 200 km sans escale.
Technologie et autonomie en nette progression
Les premiers ferrys électriques souffraient d’un défaut majeur : l’autonomie. Leur usage se limitait aux lignes de moins de 50 km. En 2025, les batteries lithium-fer-phosphate (LFP) et les modules solides changent la donne.
ABB, Siemens et CATL proposent des systèmes de propulsion avec plus de 40 MWh embarqués. Cela permet une traversée de l’Atlantique en 3 à 4 jours, sans une goutte de carburant.
Les moteurs à aimants permanents, combinés aux carènes optimisées, réduisent la consommation énergétique de plus de 35 %. En parallèle, la recharge rapide devient stratégique. À Shanghai, les ports installent des bras robotisés capables de fournir 20 MW en moins de 30 minutes.
Ferrys électriques: liaisons intercontinentales en phase de test
Trois projets pilotes captent l’attention en 2025 :
-
Le projet GreenBridge entre le Portugal et le Maroc.
Un ferry électrique de 200 mètres transporte passagers et véhicules en 5 heures, avec une recharge complète au port de Tanger.
-
Le corridor Baltic Zero entre la Finlande et l’Allemagne
Conçu pour les camions de fret. Il remplace trois anciennes lignes au fioul lourd.
-
L’initiative Pacific Loop menée par le Japon
Préparation d’un ferry rapide entre Tokyo et Hawaï prévu pour 2026.
Ces projets ne visent pas seulement la neutralité carbone. Ils doivent aussi répondre aux besoins logistiques modernes : flux tendus, respect des délais, fiabilité énergétique.
Effets sur le marché maritime mondial
Le marché mondial du transport maritime valait plus de 2 000 milliards de dollars en 2024. Les ferrys électriques bouleversent l’équilibre.
-
- Première conséquence : la baisse des coûts de carburant. Un ferry électrique consomme 70 % d’énergie en moins qu’un ferry diesel équivalent. Sur une décennie, cela représente des centaines de millions d’euros économisés par ligne.
- Deuxième effet : la recomposition des chantiers navals. Hyundai Heavy Industries et Meyer Werft réorientent 30 % de leurs commandes vers des modèles hybrides ou 100 % électriques. Les sous-traitants s’adaptent rapidement. Le marché des batteries marines a doublé en deux ans, atteignant 18,4 milliards de dollars en 2025.
- Troisième impact : la pression réglementaire. L’Union européenne imposera dès 2026 une taxe carbone maritime. Les compagnies anticipent. Elles commandent des navires propres pour éviter les pénalités.
Nouveaux ports pour une nouvelle flotte
Les ferrys électriques ont besoin d’une logistique adaptée. Les ports doivent se transformer.
À Rotterdam, Hambourg et Singapour, des stations haute tension émergent. Elles sont capables de recharger plusieurs navires en simultané. L’électricité provient de sources renouvelables locales (éolien, solaire, hydraulique).
Le port de Los Angeles investit 700 millions de dollars pour accueillir dix ferrys électriques par jour. Ces installations réduisent aussi les nuisances sonores et les particules fines dans les zones urbaines.
De nouveaux standards techniques apparaissent. Le protocole MarineCharge 5.0, lancé par l’IMO, impose des connecteurs universels, une gestion thermique renforcée et des outils d’inspection intelligents.
Résistances et obstacles persistants concernant les ferrys électriques
La révolution n’est pas sans heurts.
- Le coût initial reste élevé. Un ferry électrique coûte 30 % de plus qu’un modèle diesel. Même si les économies d’exploitation compensent sur le long terme, l’investissement initial bloque de nombreux opérateurs.
- Le poids des batteries réduit la capacité d’emport. Sur les longues distances, il faut sacrifier des cabines ou des véhicules pour embarquer plus d’énergie.
- Les pannes de courant ou les retards de recharge peuvent aussi perturber les plannings. Les opérateurs exigent des garanties de stabilité du réseau.
Enfin, certains pays, comme l’Inde ou le Brésil, freinent l’adoption faute d’infrastructures portuaires adaptées.
Les lignes de force du futur maritime
Le cap est tracé. D’ici 2035, les ferrys électriques ne seront plus une exception mais une norme sur de nombreuses routes maritimes. Trois grandes trajectoires se dessinent.
La première est celle d’une propulsion maîtrisée. Les progrès dans les batteries solides, déjà amorcés, pourraient doubler l’autonomie sans alourdir les navires. Cela ouvrirait les lignes transocéaniques aux ferrys électriques. De nouveaux corridors verts naîtraient entre les continents.
Découvrez aussi: Nouvelles technologies au delà des flots, le cargo à voile
La seconde ligne de force est industrielle. L’Asie, déjà en avance, pourrait dominer la production de navires et de batteries maritimes. L’Europe miserait sur les services, les infrastructures et les normes. L’Amérique du Nord, elle, accélérerait via ses hubs portuaires et ses objectifs climatiques fédéraux.
Enfin, la troisième trajectoire est politique. À mesure que les réglementations se durcissent — taxes carbone, zones d’émission contrôlée, exigences ESG —, les armateurs chercheront à anticiper plutôt qu’à subir. Le ferry électrique deviendra un atout stratégique dans la logistique mondiale.
L’après-diesel ne se rêve plus. Il se construit, port après port, traversée après traversée.
Vers un océan sans bruit ni fumée
Les ferrys électriques ne se contentent pas de réduire les émissions. Ils transforment l’expérience maritime. Silencieux, sans vibration, sans odeur, il redéfinit le voyage sur mer. Moins de maintenance. Plus de confort. Moins de dépendance aux hydrocarbures. Les passagers remarquent la différence. Les opérateurs, eux, y voient une opportunité commerciale, mais aussi une obligation stratégique.
En 2025, la course est lancée. Ce ne sont plus seulement les ferrys qui changent. C’est toute la dynamique du commerce et de la mobilité intercontinentale qui se redessine autour d’une propulsion propre.
Le cap est fixé. Le moteur tourne sans bruit. L’électrique trace sa route sur les océans.